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Portrait de l’artiste en enseignant ; John Cage, Yves Klein, Joseph Beuys

— Didier Semin (2004), http://carreartmusee.centredoc.fr/opac/index.php?lvl=notice_display&id=12275

Texte publié dans « Peut-on enseigner l’art? » (Louvre/Ensba)

 

un passage :

“Il (*John Cage) emprunte à Mac Luhan l’idée que l’enseignement, c’est du frottement d’informations. Les écoles devraient être sans hiérarchies et ouvertes, les informations des professeurs croisant celles des étudiants, et toutes les informations se croisant les unes avec les autres :

Il y a actuellement près de Chicago une école sans cloisons. Dans beaucoup de salles de classe, comme il n’y a pas de cloisons, vous entendez l’information sur votre sujet d’études ainsi que d’autres sur un sujet voisin. On peut concevoir que ce qui se passe alors, sans même changer de siège, est ce que Mac Luhan appelle le frottement des information entre elles”

“Je ne crois pas, ajute-t-il, que nous ayons besoin d’autre chose que d’une toile vierge sur laquelle peindre l’éducation. (…) C’est cette histoire qui se répète dans le bouddhisme Zen – celle du disciple qui rend visite à un maître et le supplie d’enseigner. Le maître ne dit rien – il balaie les feuilles. Le disciple s’en va dans une autre partie de la forêt et y construit sa maison. Et lorsqu’il est enfin éduqué, que fait-il? Il ne s’autocongratule pas : il retourne voir le maître qui ne lui avait rien dit et le remercie. C’est cette forme de non-enseignement qui s’est complètement perdue dans notre système éducatif.”

Cage se fait en somme la voix d’un miroir ironique, qui inverserait le motif classique de la nostalgie : le non-enseignement n’est plus ce qu’il était… Mais le plus étonnant est que sa définition de l’enseignement comme frottement d’informations, il l’utilise ailleurs, et au mot près, comme définition de l’art. C’est à dire qu’il pose explicitement l’équation : enseignement = art. “

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